En entrant dans la librairie, j’ai eu le souffle coupé.
“Je crois que je suis au paradis !” je me suis dit. J’ai levé la tête pour voir les cinq étages, totalement bordés de livres de toute sorte.
Tout de suite, un jeune homme s’est approché de moi. “Hello, madam, can I help you at all?”
“Bonjour, euh, pardon…Hello,” j’ai dit en rougissant.
“Vous êtes française, madame ?”
“Oui,” j’ai dit. “Vous aussi ?”
“Non, je suis anglais, mais je parle français aussi,” il a répondu en souriant. “Vous préférez parler en anglais ou en français ?”
Je voulais pratiquer mon anglais (c’était la raison principale pour mon voyage, après tout), mais je me sentais un peu timide, je dois admettre. “French?” j’ai répondu et il a rigolé.
“Oui, bien sûr, madame. Avec grand plaisir.”
“Ah merci, c’est gentil. C’est mon premier jour ici à Londres, et c’est difficile pour moi de trouver les mots en anglais en ce moment.”
“Je comprends totalement, madame. Quand j’ai étudié le français à l’université, nous avons fait un échange en France et je me rappelle très bien de mon premier jour. J’ai eu peur d’ouvrir ma bouche !”
“Mais vous parlez tellement bien français, c’est difficile à croire,” j’ai dit.
“Vous me flattez, madame,” il a dit et j’ai rougi de nouveau.
Pour changer de sujet, je lui ai dit: “Cette librairie est extraordinaire. Cinq étages de livres en anglais, c’est mon rêve !”
“Oui, moi, je l’adore aussi, mais si vous aimez la langue anglaise, vous devez visiter The Bodleian Library à Oxford. C’est magnifique. Il y a plus d’un million de livres.”
“Oh là, là !” je me suis exclamée.
“Oh là, là !” il m’a taquiné, “You really are French ! Si je peux me permettre, comment vous appelez-vous ?” il m’a demandé.
“My name is Leïla,” j’ai dit lentement.
“Well, a pleasure to meet you, Leïla. Je m’appelle Will. À votre service.”
“Enchantée, Will, mais je regarde seulement.”
“C’est dommage,” il a dit et pour la troisième fois depuis cinq minutes, j’ai rougi.
“Je dois…I have to go now,” j’ai dit et je me suis dépêchée vers la porte.
“N’oubliez pas The Bodleian, Leïla !” il a crié “Et profitez de votre temps ici en Angleterre !”
“Oh là, là !” je me suis exclamée de nouveau en fermant la porte. “Ces hommes anglais !”
Je ne savais pas exactement pourquoi, mais tout d’un coup j’avais envie de parler à mes filles.
Il y avait une cabine téléphonique rouge juste à côté de la bibliothèque. J’ai appelé l’hôtel de Jean-Louis, mais le réceptionniste m’a dit qu’il n’était pas là. J’ai décidé d’appeler la maison et j’étais surprise quand il a répondu tout de suite.
“Chéri, c’est moi. Pourquoi tu n’es pas au travail ? Où sont les filles ? Elles sont avec toi ?”
“Ma belle, comment vas-tu? Tout va bien à Londres?” Jean-Louis a demandé. Il avait l’air un peu stressé.
“Oui, super, merci. Mais tout vas bien? Où sont les filles ? Elles sont avec ta mère?”
“Ne t’inquiète pas, Leïla, elles sont ici, avec moi. Nous sommes rentrés pour récupérer plus de vêtements.”
“Oh, elles sont là ? Je peux leur dire coucou ? Elles me manquent tellement.”
“Euh….non, désolée, ma belle, elles dorment.” Jean-Louis avait l’air distrait.
“Elles dorment ? À cinq heures de l’après-midi ?”
Et là, j’ai entendu la voix d’une femme, et ce n’était pas ma belle-mère.